La vie est un long souvenir. [ Elisabeth Eatswood ]

Mes pieds nus glissaient sur les pierres froides. Ce geste maintes fois répété m'avait crée une couche de poussière. J'aimais fouillé le château, le découvrir, juste lui et moi. Il me chuchotait alors des secrets à travers des portes cachées ou un moment tout particulièrement magique.

Vide, les pièces n'étaient pas les mêmes, elle se remplissaient de nouveaux sons, de nouvelles lumières. Des liens se créaient alors, invisible toile d'araignée. Un trou dans la pierre, une aspérité du mur.. Peut-être futile, mais j'aimais voir ce que les autres ne voyaient pas

Une porte se présenta devant moi. Comparable à toute les autres, mais avec une lueur du bois, ou le mouvement de la poignée en plus. Mais par dessus tout, une pièce encore inconnue pour moi. Je poussai alors le pied en avant et réussis à entrouvrir assez la porte pour me glissez dans la fente.

Ce que j'y découvris me fis rater un battement. Le sol avait été remplacé par du parquet. Une couleur brune, caramel s'en échappait ce qui, donnait un aspect accueillant. Mais la forme de la pièce, ronde d'un côté et linéaire de l'autre, me rappelait la chambre de ma mère. Tel que je l'avais vu, une fois que j'avais bravé l'interdit.

Un vide las s'installa alors en moi, comme un brouillard gagnant la route. Ma vue se brouilla un instant. Luttant contre ce liquide inattendu, je m'assis sur le sol, m'appuyant le dos contre un mur. Ma mère, tant de douceur dans une enveloppe charnelle..

Un discret scintillement attira mon regard. Au coin du mur, non loin d'une des hautes fenêtres, une flaque d'eau stagnait paresseusement. Sentant ma baguette le long de ma cuisse, je m'approchai, à pas de loup, comme si elle pouvait d'un coup se réveiller et disparaître.

J'eus une idée. Puis un besoin. Besoin qui se fit de plus en plus pressant. N'y tenant plus, je saisis ma baguette noire et, la pointa sur la surface polie. Y mettant tout mon amour, amour que je n'avais pus donner.

Et l'impossible se produisit. Je ne sais comment. Par un moyen irrationnel, je réussis à projeté mon souvenir sur la flaque. C'était le seul qui me restait d'elle. Je la voyait là, accomplissant ce geste de douceur que j'aurais tant voulu à nouveau en être le receveur.

Une jeune femme à la chevelure dorée était assise sur un tabouret en bois. Juste à ces pieds se trouvait une petite fille d'à peine 4 ans. Ces yeux resplendissaient de joie et de fierté. Sa mère prit une brosse et entrreprit de lui dêmélé soigneusement ses cheveux qui s'étalaient sur ces épaules comme des tissus noirs. Un doux parfum régnait dans la pièce, une odeur de sève mêlée au thym. L'enfant, pendant que sa mère lui coiffait soigneusement ces cheveux fredonnait. La femme se leva alors, se baissa et lui déposa un léger baiser sur la joue et lui frotta la joue avec son nez, faisant sentir ses doux cheveux à sa fille.

Les larmes coulaient, diluviennes. Elles sortaient des yeux et coulaient le long des joues, venaient remplir la flaque qui venait de me faire, pendant quelques instants, le plus beau cadeau du monde. Ces années à ne pas être aimée, seule..

Un petit "pop" se fit entendre dans la pièce. Je me retournai, reniflant, soudain méfiante.

@ Gabrielle Thomson